Marie de l’Incarnation nous apprend par sa vie, que la sainteté ne consiste pas tant à faire des actes formidables et extraordinaires mais tout simplement être unie à Dieu quel que soit notre état de vie. En effet, depuis sa plus tendre enfance jusqu’à sa vie religieuse en passant par sa vie d’épouse, mère et veuve, Marie de l’Incarnation a toujours vécu en union avec Dieu, cherchant sans cesse à faire sa volonté et voyant dans les personnes qui l’entourent le regard de Dieu.
Par l’exemple qu’elle a donné au monde, sa spiritualité qu’elle a décrite, elle montre que l’amour de Dieu est accessible à toute personne de bonne volonté quelle que soit son époque ou sa situation personnelle. Cet amour de Dieu qu’elle a, se voit particulièrement dans sa dévotion au Sacré Cœur de Jésus.
Ainsi, aujourd’hui encore, Marie de l’Incarnation peut nous aider à nous rapprocher de Dieu. Puisque Notre Seigneur nous dit dans l’Évangile « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira  [1] ». Alors demandons à sainte Marie de l’Incarnation de nous guider dans la foi, et nous obtenir les grâces que Dieu veut nous donner.
Pour terminer, voici quelques témoignages soulignant que l’exemple de Marie de l’Incarnation ne se trouve pas uniquement dans les archives ou dans les écrits mais qu’il est aussi dans les mémoires et dans le cœur de nos contemporains. Marie de l’Incarnation a donc non seulement marqué son temps mais aussi bon nombre de générations après elle.

Témoignage de Madame France Lebel, ancienne élève des Ursulines de Rimouski au Québec.

« J’étais une jeune femme de 23 ans, mariée depuis peu et mère d’un petit garçon âgé de 3 ans. Nous sommes en 1958 ; je souffre de problèmes gynécologiques de plus en plus importants. Je consulte un médecin qui recommande une intervention chirurgicale majeure afin de solutionner mes problèmes de santé. Cependant, le médecin ajoute que cette intervention me laissera de très faibles possibilités de pouvoir concevoir à nouveau. J’accepte l’intervention inévitable pour mon bien-être mais lourde de conséquences pour mon avenir de maman.

L’intervention est prévue pour le 30 avril 1958. Je me souviens que cette date du 30 avril est celle de la mort de Marie de l’Incarnation et de son entrée au ciel. J’ai souvent entendu parler de Mère Marie lors de mes années d’étude chez les Ursulines. J’ai une bonne connaissance de sa vie et j’ai une ferme confiance en elle. Alors, je m’adresse à Marie de l’Incarnation dans une fervente supplication afin que je puisse, malgré l’intervention chirurgicale, donner naissance à d’autres enfants. Je dis à Mère Marie que je lui fais confiance puisqu’elle connaît l’attachement qu’une mère a pour son enfant, elle qui a été déchirée en quittant son fils Claude pour venir au Canada.
L’intervention a lieu, tel que prévu, le 30 avril 1958. Je me rétablis et donnerai ensuite naissance à trois beaux enfants en santé. Pour moi, c’est Marie de l’Incarnation qui m’a permis de connaître à nouveau la joie d’être mère après cette intervention risquée.
Marie de l’Incarnation continue d’être présente dans ma vie et ma prière et je lui voue une grande gratitude. »

Marie Guyart de l’Incarnation, témoin du Dieu vivant.

« Je suis une ancienne élève des Ursulines du collège Marie de l’Incarnation à Trois-Rivières où j’ai étudié de 1961 à 1967. En ce 350ème anniversaire du décès de sainte Marie de l’Incarnation, c’est une occasion privilégiée pour moi de rendre grâce pour celle qui fut la mère des Ursulines en terre canadienne et j’ajouterais aussi de ces petites élèves qui ont suivi son sillage à travers le témoignage de ces religieuses.
Ces nombreuses années de ma jeunesse ont été marquées, je dirais même « pétries » par ces grandes éducatrices que sont les Ursulines et je les voyais aussi comme des femmes de prière par ce qui les caractérisait essentiellement : l’union de la contemplation et de l’action, ce double charisme de leur vocation transmis par Marie de l’Incarnation à ses filles. Cela se voyait dans les attitudes et les contacts qu’elles avaient avec nous. Je pense que c’est à travers cet esprit que s’éveilla en moi ma propre vocation. À l’époque, elles nous parlaient de la « vénérable » Marie de l’Incarnation et nous demandaient à chaque jour de prier pour sa canonisation… Une religieuse que nous avions comme animatrice des pensionnaires, lisait les écrits de Marie de l’Incarnation et je la sentais très prise par un grand recueillement. Je me disais : « Il s’y cache quelque chose de très beau » et je restais interrogative… J’ai eu la réponse il me semble bien des années plus tard lorsque j’eus en ma possession un livre : « Ce que croyait Marie de l’Incarnation » par Dom Guy-Marie Oury. Je fus particulièrement saisie par l’expérience qu’elle fit à trois reprises de la Sainte Trinité. Cette grâce mystique exceptionnelle me dévoilait sa profonde union à Dieu et me laissait entrevoir la vie du ciel dans laquelle nous serons nous-mêmes participants de cette vie trinitaire. Depuis lors je peux dire que Marie de l’Incarnation m’a conquise.

En 2018, Madame Thérèse Nadeau-Lacour, membre du Conseil scientifique du CEMI, m’avait demandé d’écrire une icône de sainte Marie de l’Incarnation, étant iconographe depuis plusieurs années et d’autre part ayant fréquenté pendant 7 ans ces grandes éducatrices et contemplatives que sont les Ursulines. Je ne pouvais aborder l’écriture de l’icône sans pénétrer les écrits de Marie de l’Incarnation. Ce fut l’heureuse découverte d’une âme totalement prise par Dieu dans un amour absolu et un don sans retour marqués par des grâces exceptionnelles qui l’ont préparée à sa mission d’annoncer l’Évangile en notre pays naissant.
L’icône écrite en 2019 et 2020 témoigne ainsi de cette longue fréquentation.
Pour écrire l’icône j’ai retenu trois axes fondamentaux de sa vie spirituelle : le Christ, la Sainte Trinité, la Mère de Dieu et l’Enfant-Jésus que j’ai représentés sous formes de petites icônes entourant Marie de l’Incarnation, celle-ci s’inspirant du dessin de 1639 avant son départ pour le Canada.


1- Le Christ, le Verbe Incarné qui sera présent tout au long de sa vie depuis l’âge de 7 ans où dans un songe, il lui demande : « Voulez-vous être à moi ? »
2- La Sainte Trinité représentée par les trois anges de l’icône de la Trinité de Roublev, relate l’expérience qu’elle fit à 3 reprises du mystère de la Sainte Trinité :
« La première fois que je me manifestai à toi, c’était pour instruire ton âme dans ce grand mystère. La seconde fois, c’était à ce que le Verbe prît ton âme pour son épouse ; mais cette fois, le Père et le Fils et le Saint-Esprit se donnent et communiquent pour posséder entièrement ton âme. »
3- La Mère de Dieu et l’Enfant-Jésus, bénissant ce pays couvert de « brumes » lors de la vision de Noël 1633 : « Il me semblait qu’elle lui parlait de ce pays et de moi, et qu’elle avait quelque dessein à mon sujet. »
« … C’est le Canada que je t’ai fait voir ; il faut que tu ailles faire une maison à Jésus et à Marie. » C’est sa vocation missionnaire qui se dessine dans cette vision.
Enfin un dernier élément de l’icône résume sous forme de prière son aspiration à l’union parfaite avec le Verbe Incarné :
« Mon Bien-Aimé, mon très cher Époux, je vous demande que votre Testament soit accompli en moi. »

C’est bien le Testament du Christ légué à ses apôtres le soir du Jeudi Saint que Marie de l’Incarnation a accompli par son union au Christ vécue dans une grande fidélité aux exigences de l’Amour et elle en a prodigué les fruits par sa mission d’évangélisation en terre canadienne : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, portera du fruit en abondance. » Jn 15,5
Bien qu’elle ait reçu des grâces exceptionnelles qui l’ont préparée à la mission d’annoncer l’Évangile en notre pays, c’est dans la fidélité au quotidien qu’elle a vécu de foi, attentive à correspondre toujours à la volonté de Dieu. Comme elle l’écrivit à son fils Claude et à sa nièce dans sa Correspondance, elle nous invite à notre tour à correspondre aux exigences de l’Amour dans l’humble quotidien de notre vie pour que ce Testament du Christ s’accomplisse aussi en nous. Que Marie Guyart de l’Incarnation nous soit un guide sur ce chemin vers la sainteté afin de devenir comme elle, témoin du Dieu vivant.
Gertrude Martineau
Montréal, novembre 2021

Nous retrouvons l’icône décrite précédemment sur la page couverture du livre écrit par Madame Thérèse Nadeau-Lacour dont le titre est : « Retraite spirituelle avec Marie Guyart de l’Incarnation, la vigne, le sarment et la sève en ses fruits. » Éditions du Carmel, juin 2020.

Pour conclure cette exposition, écoutons l’interview de Thérèse Nadeau-Lacour sur RCF le 25 janvier 2022.

Merci à RCF de nous permettre la réutilisation de cet enregistrement pour les besoins de l’exposition.

Sources :

  • Témoignages recueillis par le Comité Marie-de-l’Incarnation du Québec.
  • RCF.

Crédits photographiques

  • Portrait de Marie de l’Incarnation : Archives du Pôle culturel des Ursulines de Québec.
  • Photographie de la grand-mère : libre de droit, Pixabay.com.
  • Icônes de Gertrude Martineau : amazone.com ( https://images-na.ssl-images-amazon.com/images/I/71KesfwovsL.jpg ) retravaillées par le Centre Marie-de- l’Incarnation de Québec.

[1Mt 7, 7.

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