Comment connaître Marie de l’Incarnation ?

De quels documents disposons-nous ? Retour aux sources !

« M’ayant été commandé de celui qui me tient la place de Dieu pour me diriger dans ses voies, de mettre par écrit ce qui me sera possible des grâces et faveurs que sa divine Majesté m’a faites dans le don d’oraison qu’il lui a plu me donner, je commencerai mon obéissance pour son honneur et sa plus grande gloire, au nom du suradorable VERBE INCARNE, mon céleste et divin Epoux.
Sœur Marie de l’Incarnation, Religieuse urseline ind. » [1]

Marie de l’Incarnation a beaucoup correspondu avec son fils ; c’est donc grâce à sa relation épistolaire qu’on peut la connaître et l’approcher de plus près. Son fils, devenu Dom Claude Martin a souhaité en effet rédiger un ouvrage sur la vie de sa sainte mère. Alors, à sa mort en 1672, il s’attache à rassembler toute la correspondance qu’il avait eue avec elle ainsi que d’autres lettres écrites à d’autres destinataires. Il publie à la fin du XVIIe siècle ces correspondances ainsi que les écrits spirituels rédigés par Marie de l’Incarnation elle-même. En effet, ceci lui a été demandé expressément par son directeur spirituel en 1633 à Tours puis à la demande de son fils en 1654 alors qu’elle était déjà à Québec.

Ces relations sont ainsi la source principale de la connaissance de Marie de l’Incarnation parce qu’elles sont rédigées par elle-même et dévoilent toute sa spiritualité et sa relation intérieure avec Dieu. Elles témoignent également de toute l’activité que Marie de l’Incarnation a eu au cours de sa vie. Aux Archives, sont conservées quelques lettres originales écrites par Marie de l’Incarnation lorsqu’elle était Supérieure au Québec. Elles nous sont parvenues parce qu’elles étaient destinées à la Supérieure des Ursulines de Mons, dont la communauté fait aujourd’hui partie de la Province de France.

La part épistolaire de Marie de l’Incarnation est ensuite reprise par Dom Jamet en 1929 avant d’être rééditée par Dom Oury en 1973 sous le titre de Correspondances.

En plus de ses propres écrits, de nombreux autres auteurs ont travaillé sur Marie de l’Incarnation. Effectivement, son fils, Dom Claude Martin, a d’abord beaucoup contribué à faire connaître sa mère par la rédaction de la Vie de la Vénérable Marie de l’Incarnation. Mais on retrouve ensuite un historique dans la Chronique des Ursulines de Mère de Pommereu.

En 1876, alors que l’ouvrage publié par Dom Claude Martin en 1681 devenait de plus en plus rare, l’abbé François-Xavier Richaudeau, aumônier des Ursulines de Blois, reprend cette ancienne édition pour la rendre plus accessible. C’est ainsi qu’il change des termes d’orthographe et qu’il classe les lettres par ordre chronologique. Le travail réalisé par l’abbé Richaudeau est particulièrement important pour l’étude des écrits de Marie de l’Incarnation parce qu’il est proche de l’édition originale. À la fin du XIXe siècle, Mère Marie de Chantal Thibaud, une religieuse Ursuline de Nantes a écrit un ouvrage intitulé Vie de la Vénérable Marie de l’Incarnation. Cet ouvrage est d’autant plus intéressant qu’il est écrit par une religieuse Ursuline au moment où la cause de béatification de Marie de l’Incarnation est présentée à Rome lors des différents procès. Enfin, Dom Jamet, évoqué plus haut pour avoir repris les lettres de Marie de l’Incarnation, a également écrit Le témoignage de Marie de l’Incarnation en 1932, qui permet de la connaître plus en profondeur. Cet ouvrage a le mérite de rendre accessible la spiritualité de Marie de l’Incarnation en publiant une partie des écrits spirituels. L’auteur va plus loin en affirmant dans son introduction que cet ouvrage ne doit pas être lu comme n’importe quel autre mais « il ne livrera tout son secret que dans le recueillement et la méditation [2] ». Différents ouvrages biographiques sur Marie de l’Incarnation ont ensuite été publiés durant toute la période contemporaine. Citons simplement deux ouvrages références pour connaître Marie de l’Incarnation : Marie de l’Incarnation, une femme à découvrir, rédigé par Hélène Bélanger et Marie Guyart de l’Incarnation, une femme mystique au cœur de l’Histoire, rédigé par Thérèse Nadeau-Lacour.

À partir de ces sources et écrits, retour sur le parcours atypique de cette femme, épouse, mère, veuve, religieuse et missionnaire. Le parti-pris ici est à la fois de présenter des sources historiques afin de retracer le parcours chronologique de Marie de l’Incarnation mais aussi d’axer chaque période de sa vie sur un des aspects de sa spiritualité. En effet, Marie de l’Incarnation n’est pas seulement une Ursuline intéressante à étudier d’un point de vue historique mais avant tout un modèle de spiritualité qu’il convient de présenter puisqu’elle est très méconnue…

Bibliographie

  • BELANGER Hélène, Marie de l’Incarnation, Une femme à découvrir, Mediaspaul, 2011.
  • BREMOND Henri, Sainte Marie de l’Incarnation, éditions du Cerf, 2014.
  • DOM JAMET, Le témoignage de Marie de l’Incarnation, version reprise par Sœur Marie Bruno DUFOSSE, Rome, 2017.
  • NADEAU-LACOUR Thérèse, Marie Guyart de l’Incarnation, Une femme mystique au cœur de l’Histoire, Artège, Paris, 2015.
  • DOM OURY, Correspondances, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, 1971.
  • Ursulines de l’Union Romaine, Marie de l’Incarnation Guyart nous parle, Tours, 2021.

Crédits photographiques

  • Représentation de Marie de l’Incarnation : Sœur Jeanne Vanasse, s.a.s.v., Nicolet, Québec.
  • Extrait de la lettre et des chroniques de l’Ordre de Sainte-Ursule : Archives des Ursulines de France.

[1Introduction de la Relation de 1654.

[2DOM JAMET, Le témoignage de Marie de l’Incarnation, version reprise par Sœur Marie Bruno DUFOSSE, Rome, 2017, p.24.

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