Origines des Ursulines françaises : De Sainte Angèle au Concile de Trente

Sainte Angèle Mérici (née vers 1474 – 1540) crée en 1535 en Italie du Nord une compagnie de Vierges sous le patronage de Sainte Ursule, à destination de femmes qui veulent se consacrer à Dieu et qui ne peuvent ou ne veulent entrer dans un couvent ni se marier : La compagnie de Sainte Ursule. Sainte Angèle écrit la règle de la compagnie, ainsi que ses Avis et un testament, à destination des matrones de son gouvernement après son décès. Ces trois écrits constituent la base du charisme méricien, dont les Ursulines en suivent les usages.

Cette compagnie italienne vit tout d’abord sans apostolat particulier ni habit, et vit dans le monde. Dans le même temps, l’Europe, encore secouée par les guerres de religion, connaît une importante restructuration religieuse. Le concile de Trente redonne des bases pour lutter contre l’hérésie protestante et réforme l’Eglise et les congrégations.

La Règle de Sainte Angèle passe la frontière française et arrive dans les mains de plusieurs personnes dans le pays, à commencer par César de Bus. Créateur des Frères et des Filles de la doctrine chrétienne, installe les premières Ursulines dans le Comtat Venaissin (Ancien état pontifical) pour répondre aux attentes du Concile. Plusieurs congrégations d’Ursulines voient le jour à la fin du XVIe siècle dans le Sud de la France, notamment en Provence, où des Ursulines congrégées, qui vivent dans le monde, se voient missionner d’un apostolat qui convient très bien à leur forme de vie : l’instruction des jeunes filles à la doctrine chrétienne. Cela ne dure pas très longtemps. Le Concile de Trente exige la clôture pour les religieux et religieuses. Si dans le Sud il y a encore des résistances, à Paris, Madame de Sainte Beuve fonde une congrégation d’Ursulines moniales en 1612 qui prennent la règle de Saint Augustin, la clôture et l’habit religieux. La majorité des communautés congrégées suivront le pas au cours du siècle, et bientôt, 350 monastères voient le jour sous l’Ancien Régime.

Il y avait trois fois plus d’Ursulines que de Jésuites, arrivés quelques années avant pour s’occuper de l’enseignement des jeunes garçons. Certaines congrégations, dont Paris, font le 4e vœux d’enseignement, en plus des trois vœux des moniales : obéissance, chasteté, pauvreté. Cela aura pour conséquence pour ces Ursulines de ne jamais renoncer à l’enseignement, même lorsqu’elles seront expulsées à la Révolution française, interdites d’enseigner et réexpulsées au début du XXe siècle.

Aujourd’hui, la forme monacale des Ursulines n’existe plus depuis le concile Vatican II qui a réformé profondément l’Eglise, mais elles ont conservé leur apostolat d’enseignantes. Elles sont ce qu’on appelle des conventuelles car elles sont à la croisée des chemins des formes contemplatives et apostoliques. Il existe toujours des Ursulines sous la forme primitive, surtout en Italie, et sous forme conventuelle à Saint-Charles.

Le concile de Trente

Le Concile de Trente a été instigué pour réformer l’Eglise catholique après la naissance de la Réforme Protestante créée et lancée par Martin Luther et Jean Calvin. Le concile confirme entre autres la doctrine du péché originel, l’autorité de la Bible spécifique au catholicisme, le culte des saints, les sept sacrements et le dogme de la transsubstantiation (alors que les protestants reconnaissent la consubstantiation). Ce concile, distillé dans les temps de guerres de religion, symbolise la coupure entre l’Eglise médiévale et l’Eglise des temps classiques qui sera aussi appelée église Tridentine en référence à ce concile.

Ce concile donne à son terme des préceptes et des moyens concrets pour faire face au protestantisme et consolider son clergé : précision du pouvoir des évêques, préconisation de la clôture pour les religieux non-clercs, accentuation du rôle pastoral de l’Eglise. Ce dernier point va être à l’origine de l’apostolat trouvé aux Ursulines par César de Bus et d’autres quand la règle traverser la frontière à la fin du XVIe siècle.