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III- L’épousée

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Le chant du cœur

Maison présumée de Paul Buisson avant le percement de la rue Mirabeau


Son fils Claude grandit en compagnie de Marie, sa cousine, fille unique des Buisson, entouré de la bienveillance familiale.
Nul ne voit ce qui se passe dans le cœur de celle qui est devenue l’épouse du plus beau des enfants des hommes. Elle est habitée d’un colloque permanent avec Dieu. « Sa parole parle en elle. De ce colloque, nous pouvons dire, écrit René Champagne, qu’il est un véritable chant du cœur, car il se compose d’action de grâces, de louange et d’amoureuse gratitude. »

Marie se fait toute écoute.

[…] La foi que j’avais en mon cœur, jointe à ce que j’entendais de cette divine parole, opérait de plus en plus un amour dedans moi qui m’invitait à l’aller écouter… Je ne trouvais rien de plus beau que d’annoncer la parole de Dieu… Lorsque je l’entendais, il me semblait que mon cœur était un vase dans lequel cette divine parole découlait comme une liqueur. Ce n’était point l’imagination, mais la force de l’Esprit de Dieu qui était en cette divine parole, qui, par un flux de ses grâces, produisait cet effet dans mon âme… Dieu me donnait de grandes lumières dans cette assiduité d’entendre sa sainte parole, et mon cœur en était embrasé jour et nuit : ce qui me faisait parler à lui d’une façon intérieure qui m’était nouvelle et inconnue…

Rien d’étonnant à ce que le désir d’entrer en religion se fasse de plus en plus pressant en elle.

Claude a 11 ans. À cette époque, les garçons de son âge quittent habituellement leur famille pour entrer en apprentissage ou pour devenir élève dans un collège et y être pensionnaire durant toute la durée des études.
Marie aime son fils « d’un amour bien grand » et pourtant une voix se fait entendre « au fond du cœur » de plus en plus pressante « Hâte-toi, il est temps ; il ne fait plus bon pour toi dans le monde. »

Intérieur de la chapelle des Ursulines de Tours

L’appel du cloître est là depuis longtemps, la grâce des épousailles mystiques le rend impérieux. Est-il temps de se décider ? Comment discerner la volonté de Dieu ? Marie fait part de l’insistance intérieure de l’Esprit à son directeur spirituel dom Raymond, feuillant, qui l’accompagne depuis dix ans. Comme Marie, celui-ci pense l’heure venue et commence à préparer la famille Buisson à un départ proche. Dès que la chose est ébruitée, désapprobations, reproches, critiques acerbes s’abattent sur Marie qui s’en remet en cela comme en toute chose aux ordres de son Époux divin.
« Je ne veux rien que la volonté de sa divine Majesté à laquelle je veux que tous mes désirs soient soumis et subordonnés. »

Assurée intérieurement que Dieu prendrait soin de son fils, « notre bon Dieu me donnait une confiance qu’il aurait soin de ce que je voulais quitter pour son amour » , Marie choisit d’entrer en religion chez les Ursulines « instituées pour aider les âmes , chose à laquelle j’avais de puissantes inclinations. »

Le jeune Claude réagit violemment au départ de sa mère : fugue de trois jours, pleurs à la grille du couvent, manifestations bruyantes avec ses jeunes camarades brisent le cœur de Marie assurée pourtant d’accomplir la volonté de Celui à qui elle s’est toute donnée.

Après avoir été confié à Madame Buisson, sa tante, Claude entre au collège des Jésuites de Rennes. C’est pour Marie un grand soulagement après ces mois de « durs combats » au cours desquels la présence intérieure de Dieu l’a soutenue. Elle sait que son fils est entre les mains de Celui qui tient toujours ses promesses.

Vitrail d’une chapelle d’Ursulines représentant la vision trinitaire

« …Lorsque je remontais au noviciat, l’Esprit de Dieu me mit au cœur que je ne m’affligeasse point de tout cela et qu’il prendrait soin de vous. Ces divines promesses mirent le calme en tout moi-même…Mon esprit et mon cœur jouissaient d’une paix si douce dans la certitude que je ressentais que les promesses de Dieu s’accompliraient en vous, que je voyais toutes choses faites à votre avantage et des suites pour vous faire avancer dans les voies que j’avais désirées pour votre éducation. »

Nous sommes en 1631. Le 17 mars, Marie reçoit la plus grande grâce mystique de sa vie. La voici à genoux dans le chœur de la chapelle des Ursulines pour l’oraison du soir. Elle sent soudain son âme attirée et emportée par Dieu.

Il s’agit là du point culminant des grâces extraordinaires de Marie.
Le 25 mars suivant, elle reçoit l’habit, et, commencent alors pour elle deux années de tentations intérieures très éprouvantes.


« C’étaient des tentations de blasphème, de déshonnêteté, d’orgueil … ; une insensibilité et stupidité ès choses spirituelles, un contresens en mon imagination contre l’agir de mon prochain, des pentes de me précipiter [1]. Il me semblait que j’étais trompée du diable et que je m’étais abusée, croyant que ce qui s’était passé en moi , qu’on avait cru être de Dieu, n’était que feintes. »

Vitrail représentant le songe de 1633

Les tentations semblent s’éloigner au temps de sa profession solennelle le 25 janvier 1633, qui eut lieu le 25 janvier 1633 dans la chapelle Saint-Michel à Tours, à l’occasion de laquelle elle a la joie de revoir son fils, venu spécialement de Rennes.
La voici maintenant toute à son Époux divin, déployant dans sa vie de femme le « oui » de son enfance. La charge d’assistante de la maîtresse des novices lui est confiée, puis celle de directrice des pensionnaires. Marie mène au sein de la communauté composée d’une trentaine de religieuses et d’un nombre à peu près similaire de novices la vie ursuline, manifestant une attention pleine de délicatesse à chacune de ses sœurs et une ferveur particulière pour la sainte liturgie.
Dans l’octave de Noël 1633, un second songe prophétique va l’occuper, songe qui inaugure sa vie apostolique. La Vierge Marie lui apparaît tenant sur ses genoux l’Enfant Jésus et converse avec Lui d’un vaste pays rempli de brumes « autant pitoyable qu’effroyable » puis, tournant la tête, elle sourit à Marie et l’embrasse par trois fois.


Ce songe marque une étape importante dans l’itinéraire spirituel de Marie. À partir de ce moment-là, elle reçoit ce qu’elle appelle une "émanation de l’esprit apostolique" qui n’est autre que "l’Esprit de Jésus Christ". Elle se sent étroitement liée à la mission de Verbe Incarné dont le sang versé a sauvé le monde.
En même temps, elle pressent que ce songe porte un secret, comme celui de ses sept ans. Secret qui lui sera dévoilé en février 1635. Au cours d’un ravissement, elle voit de nouveau le pays contemplé dans le songe et entend des paroles décisives pour son avenir.

« Lors, cette adorable Majesté me dit ces paroles : C’est le Canada que je t’ai fait voir ; il faut que tu y ailles faire une maison à Jésus et à Marie. »

À quoi Marie répond :

« Ô mon grand Dieu, vous pouvez tout et moi je ne puis rien ; s’il vous plait de m’aider, me voilà prête. Je vous promets de vous obéir. Faites en moi et par moi votre très adorable volonté. »

Un grand bonheur va maintenant polariser toute son affection. Par amour pour Jésus-Christ, pour lui gagner des âmes, elle a hâte de partir pour le Canada. Bien des obstacles restent à franchir, mais jamais son ardeur missionnaire ne se refroidit. Toutes ses activités en sont imprégnées : son cœur à cœur avec l’Époux en premier lieu, mais aussi l’enseignement qu’elle donne aux novices, les conversations qu’elle peut tenir avec ses sœurs de communauté ou avec des personnes extérieures au couvent.
Dans son désir ardent de gagner des âmes à son divin Époux, elle supplie le Père d’écouter sa prière. Et voici la réponse qu’elle perçoit en son cœur :

« C’est par le cœur de mon Jésus ma voie, ma vérité et ma vie que je m’approche de vous, ô Père Éternel. Par ce divin cœur je vous adore pour tous ceux qui ne vous adorent pas ; je vous aime pour tous ceux qui ne vous aiment pas ; je vous adore pour tous les aveugles volontaires qui par mépris ne vous connaissent pas. Je veux par ce divin cœur satisfaire au devoir de tous les mortels. Je fais le tour du monde pour y chercher toutes les âmes rachetées du Sang très précieux de mon divin Époux. Je veux vous satisfaire pour elles toutes par ce divin Cœur. Je les embrasse toutes pour vous les présenter par lui. Je vous demande leur conversion ; voulez-vous souffrir qu’elles ne connaissent pas mon Jésus ? Permettrez-vous qu’elles ne vivent pas en celui qui est mort pour tous ? Vous voyez, ô divin Père, qu’elles ne vivent pas encore ; Ah ! Faites qu’elles vivent par ce divin cœur. » (Lettre CXCV, 1661))

La correspondance de Marie témoigne aussi de son ardeur missionnaire et notamment les lettres enflammées qu’elle écrit à son ancien directeur spirituel [2] dom Raymond de Saint Bernard qui songe lui aussi à partir au Canada.

Portrait de Mme de la Peltrie

Les obstacles placés sur sa route peu ordinaire tombent les uns après les autres. Cinq ans après le premier songe concernant le Canada, l’aventure prend corps. Une fondatrice [3] en la personne de Madame de la Peltrie se présente, les autorisations ecclésiastiques sont données, Marie voit enfin arriver le jour du départ.
« La divine Bonté disposait le tout suavement. »

Vue de l’ermitage Saint-Joseph près du couvent des Ursulines de Tours

Le jour où Madame de la Peltrie arrive à Tours, Marie se sent pressée d’aller à l’ermitage Saint Joseph, petit oratoire situé dans le jardin du couvent, pour remercier ce grand saint d’une grâce qu’il lui accordait.
« Le jour où nous devions recevoir les lettres de son départ,[il s’agit de Madame de la Peltrie] le matin, étant avec les pensionnaires, dont j’avais le soin depuis près de deux ans, j’eus un instinct dans mon âme qui me disait de quitter tout et de m’en aller dans l’ermitage de saint Joseph, pour le remercier d’une très grande grâce qu’il m’avait faite. »

Saint Joseph étant le patron du Canada, ne nous étonnons pas de l’étroite connivence qui règne entre Marie et ce grand saint très honoré au XVIIe siècle.

Après les dernières épreuves, l’au revoir à Claude, un douloureux triduum au cours duquel elle entrevoit les croix sans fin qu’elle aura à subir en terre canadienne, Marie entre dans la vie missionnaire dont son cœur était rempli depuis plusieurs années.


Bibliographie et sources :

  • - CHAMPAGNE René, Marie de l’Incarnation ou le chant du cœur.
  • - NADEAU-LACOUR Thérèse, Marie Guyart de l’Incarnation, une femme mystique au cœur de l’Histoire.
  • - Ursulines de l’Union Romaine, Marie de l’Incarnation Guyart nous parle.
  • - Écrits de Marie de l’Incarnation.

Crédits photographiques :

  • - Reproduction de la maison présumée de Paul Buisson : Centre Marie-de-l’Incarnation de Tours.
  • - Vue de l’intérieur de la chapelle des Ursulines de Tours : Fonds Daniel Abel, Centre Marie-de-l’Incarnation de Québec.
  • - Reproduction du vitrail de la vision trinitaire : Archives des Ursulines de France, retravaillé par le Centre Marie-de-l’Incarnation de Québec.
  • - Vitraux du songe : Fonds Daniel Abel, Centre Marie-de-l’Incarnation de Québec.
  • - Représentation du Sacré-Cœur : http://vitrail.ndoduc.com/vitraux////img14/110511-160136_D90.JPG, retravaillé par Centre Marie-de-l’Incarnation de Québec.
  • - Portrait de Madame de la Peltrie : Banque numérique, Bibliothèque et Archive nationale du Québec.
  • - Vue de l’ermitage Saint-Joseph : photographie de Sœur Marie Bruno Dufossé.

[1] Cette expression signifie ici de se jeter par la fenêtre.

[2] Un prêtre qui donne des directions à suivre pour progresser dans la vie spirituelle.

[3] Une personne qui apporte les fonds nécessaires.

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